lundi 29 août 2016

Rabat Rota. Une navigation difficile.


La côte atlantique du Maroc est réputée pour être difficile. Parce qu'elle est longue, qu'il n'y a que très peu d'abris et qu'elle est soumise à des vents et courants dominants plutôt favorables pour ceux se rendant au sud. J'y ajouterai une nuée quasi permanente de pêcheurs autour de Rabat et Kénitra. Et les cargos venant du sud ouest se rendant à Larache.
De notre côté, il fallait remonter vers l'Espagne. A contre-courant donc. Mais en prenant plus au large, les courants sont moins forts. Donc nous irons au large. Et l'on se prépare en conséquence. La fenêtre météo est bonne. Mais pas assez longue pour faire l'intégralité de la traversée dans des conditions calmes. Soit l'on commence dans des conditions de mer assez fortes, soit l'on fini dans des conditions fortes. Je choisi la deuxième option. Nous ne seront pas déçus.
Après avoir fini notre avitaillement, en frais principalement puisque nous avons toujours riz, polente et pâtes à profusion. Nous embarquons des fruits, du pain, de l'eau en bouteille, quelques sodas. Rendez vous est pris avec les pilotes pour 19h, et avec les autorités une heure avant pour les formalités de départ. Une fois tout cela fait, passage du chien anti-drogue compris, nous voici fin près pour le départ.
Il fait beau, le soleil déclinant et le pilote nous accompagnent sur la rivière Bouregreg direction la mer. Les berges sont très animées. Beaucoup de monde, il fait beau, c'est l'été et la-bas aussi c'est les vacances scolaires. Premier méandre pour contourner la célèbre casbah des Ouyadas, ville médiévale et forteresse qui commande l'entrée de la rivière Bouregreg. Sur l'autre rive, des plages ont été aménagées. Elles aussi noires de monde. Les femmes se baignent habillées. Mais qu'à cela ne tienne, elle sont quand même à l'eau. Des hommes nagent au milieu du chenal. Le pilote les aborde et leur fait dégager le passage. Deuxième méandre et l'ont aperçoit la mer. La casbah qui était jusqu'alors dans l'ombre se pare des couleurs chaudes du soleil. De l'autre côté, les murs de Salé surplombent les plages qui n'en finissent pas. L'on passe les deux dernière jetées, le pilote fait demi-tour et nous salue, sa mission se termine là.
 
Il fait beau, le soleil déclinant et le pilote nous accompagnent sur la rivière Bouregreg direction la mer.

Beaucoup de monde, il fait beau, c'est l'été et la-bas aussi c'est les vacances scolaires.

La casbah des Ouyadas, ville médiévale et forteresse qui commande l'entrée de la rivière Bouregreg.

Rabat s'éloigne dans notre sillage.

Nous voilà en mer. La mer est plutôt belle mais il y a des vagues. Curieusement les vagues sont courtes. Pas très hautes mais elles se succèdent rapidement. Rien à voir avec la houle longue que j'ai pu connaître autour de la Bretagne. Liane bouge pas mal. Nous nous sentons rapidement pas très bien. Nausées pour Grace, mal de tête pour moi. On fait tout ce qu'il y a faire après un départ, en pensant que cela va passer. En fait non. Et de réaliser que cela fait cinq mois que nous n'avons pas navigué. Nous ne devons plus être amariné. 
 
Jusque là, tout va bien.

Premier coucher de soleil en mer. Il y en aura 11 autres en ce mois d'Août.


Nous sommes au moteur, car le vent est faible et il y a des pêcheurs partout. La nuit tombe et il y a toujours autant de pêcheurs. La vigilance est permanente. Je dénombre jusqu'à quarante bateaux autour de nous. Et ça durera la nuit entière, le temps pour nous de quitter la région de Kénitra. Nous sommes toujours au moteur. Il y a du vent, mais je ne me sens pas de louvoyer toute la nuit au milieu des bateaux de pêche.
Au petit matin, plus de pécheurs ni de vent. Nous croisons le rail des cargos pour Larache en milieu de matinée. Il y du trafic mais nous passons au bon moment. Le mal de mer est toujours là, lancinant.
Début de soirée, le vent monte comme prévu. On songe à monter les voiles. A ce moment précis, le moteur commence à perdre de la puissance. Et puis s'étouffe. On envoie la toile. Le vent est Est, ce qui nous permet de continuer à remonter vers le nord. La nuit tombe, le vent monte encore, la mer devient mauvaise. Le de grand voile à lâché sous l'effet d'une rafale. Il avance vers la baume, et la voile ressemble plus a une boule de chiffon qu'à une grand voile. Impossible avec ces conditions de ramener le vers sa position normale. Je prends donc deux ris pour limiter les battements de toile détendues. Je me fais essorer au passage par un paquet de mer qui balaye le pont. Les ris sont pris, de toute façon le vent seul aurais justifié une telle manœuvre. Malgré cette situation un peu scabreuse, le voilier continue à monter vers le nord. Sans moteur, pas question d'essayer de rentrer dans le détroit de Gibraltar, surtout dans ces conditions. Donc on continue vers le nord. On s’arrêtera à Barbate si possible, voire à Cadix.
Le pilote automatique tiens le choc et maintient le navire sur un cap honnête. Il faut à présent être très vigilant, nous traversons le rail des cargos entrant et sortant du détroit. Le détecteur de radar me préviens rapidement. Il faut sortir et abattre pour éviter un cargo. Et ça repart vers le nord. Avec 33 nœuds de vent. Heureusement le trafic est modéré cette nuit. La plupart des cargos ne sont pas en course de collision. Ça passe sans manœuvres particulières. Le reste de la nuit nous voit monter vers le nord. Pas question d'aller vers Barbate, port que nous connaissons et qui serait dangereux d'aborder avec un tel vent d'Est. Le jour naissant nous dévoile Cadix. Ville que nous connaissons bien pour y avoir passer le mois de février. Et que nous allons admirer pour le reste de la journée, notre grand voile ne permettant pas de remonter au près vers la baie. Il faut donc louvoyer, et nous y passons 6 heures. Le vent est maintenant raisonnable.
En fin d'après midi, je décide d'aller à Rota, au nord de la baie, qui doit être assez proche de notre position. Le port est en effet à quelques minutes. On tente un démarrage moteur. Il démarre, perd de la puissance et s’arrête. Deuxième tentative, il démarre et s'éteint immédiatement. J'appelle le port et décris ma situation, mais ils n'ont pas de secours. Il faut donc envoyer un de ces fameux message « Pan-Pan ». Le contrôle de Cadiz nous réponds et nous envoie la vedette du secours maritime. Pour éviter de finir dans les rochers, j'envoie le génois. Et l'on attends que la vedette arrive. Au bout d'une demie-heure, elle arrive. Il faut rentrer le génois. Qui se bloque. Murphy doit être dans le coin. C'est avec un tournevis servant de barre de traction que je rentrerai le génois. Un bonne demie-heure de perdue. Enfin on est pris en remorque. Notre arrivée à Rota ne passe pas inaperçue. Il faut faire la paperasse liée au sauvetage, et payer immédiatement. Il est tard, on ne peut plus faire le plein. Nous passerons donc notre première nuit au ponton d'attente. Avec tout de même une grande satisfaction d'être de retour en Europe.

Merci de votre intérêt et à bientôt.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire