lundi 19 septembre 2016

Deux caps et un coup de tabac.



C'est donc dans les meilleures dispositions que nous quittons Almérimar après une courte escale réparatrice. Objectif de cette nouvelle navigation, Javea un petit port à l'extrémité sud du Golfe de Valencia. Ce qui permettrait de passer de la façade sud de la péninsule ibérique à sa façade est. Et ce serait notre avant dernière étape avant Barcelone. Mais une erreur tactique en décidera autrement.
Depuis le départ de Rabat, je reprenais la météo marine espagnole, en particulier pour l'approche de Gibraltar. Il y a bien sûr un bulletin littéral en espagnol. Mais il y a aussi et surtout une carte interactive qui permet soit d'avoir la mer du vent et la houle, ou le vent et la « mer totale », c'est à dire la résultante de la mer du vent et de la houle. La hauteur de la mer étant symbolisée par un code couleur allant du bleu foncé au rouge et passant par toutes les couleurs de l'arc en ciel, et ce en fonction de la hauteur des vagues. Et à l'occasion de notre traversée vers Rota, j'avais pu constaté que sorti du bleu foncé, c'est à dire des vagues de moins d'un mètre, la navigation devenait musclée. En prenant la météo à Alméria, la fenêtre est bonne. Il y a toutefois un coup de vent prévu dans la nuit précédent l'arrivée à Javea avec une augmentation du vent à 20 noeuds des vagues autour 1,2 mètres. Mais c'est localisé sur la Costa Blanca au sud du cap de la Nao, celui qui doit être notre dernier cap avant Javea. Et d'après les prévisions, cette perturbation doit se résorber par le nord. Donc plus vite nous la traversons, moins elle aura d'effet sur nous.
Lorsque nous quittons Alméria en ce milieu d'après-midi, il fait beau, la mer est belle et … il n'y a pas de vent bien sûr. Après une tentative décevante à la voile, nous continuons au moteur. Et ainsi de suite la nuit et le lendemain. Grand beau, pétole , moteur. En milieu de matinée de ce deuxième jour, nous tentons une baignade. Et c'est donc par un fond de 2090m que Grace prend son premier bain en pleine mer. Il fait chaud et c'est le seul moyen de se rafraichir sans vent. La glace achetée à Almérimar sert pour les boissons et à maintenir la glacière froide. Mais elle aussi fond.
Et la journée se poursuit ainsi, au moteur. Deuxième bain dans l'après-midi. Nous passons au large de Carthagène, cette belle escale des mois de décembre et janvier. Fin d'après-midi nous passons le cap de Palos, deuxième cap de notre périple. Et voyons les nuages d'orages s'amasser à l'horizon. Mais ils filent vers l'ouest et seront actif plus tard sur les terres.
Vers 20h, le vent monte. Après plus de 30 heures au moteur, je décide de hisser les voiles, histoire de naviguer comme un vrai voilier. Erreur tactique majeure. Mais ce n'est qu'au milieu de la nuit, ayant quasiment fait du sur place en 6 heures que je m'en rendrai compte.

Après le Cap de Palos.

Après le Cap de Palos.

Au début , le vent monte. Certes, il souffle exactement de là où nous sommes sensés aller. Mais la tentation de faire un bout à la voile est trop forte. On change donc de cap pour être au plus près de notre destination. Mais sur ce cap, nous allons droit sur des ilots entourés de récifs. Sans eux, nous visions Alicante avec beaucoup plus d'eau à courir. Il faut donc louvoyer rapidement. Mais ma grand voile est toujours pas au top. Et donc impossible de garder un cap décent. Et puis je suis proche du rail des cargos. Et bientôt je le coupe au moment ou il y a un cargo. Il faut donc manoeuvrer pour l'éviter. Le vent à continuer à monter, ça bouge beaucoup et il aurait fallu fermer le génois bien avant. Mais maintenant, il y a beaucoup trop de vent pour ça. Le bateau n'est pas ardent, et donc je décide de continuer comme ça. Pas de cargo en vue, détecteur de radar silencieux, je m'accorde un peu de sommeil. Au bout d'un moment, je me réveille. Le temps est toujours mauvais, ça bouge toujours autant, le vent est toujours aussi fort mais j'ai l'impression que l'on avance plus. Je regarde vers l'avant et réalise soudain qu'il n'y a plus de génois. Perdre un génois n'est pas ce qu'il y a de plus recommandé. Mais il reste un petit triangle de toile au pied de l'enrouleur. Je file vers l'avant et ne peut que constater que le génois est à l'eau, côté bâbord. Il est deux heures du matin, il y a 25 nœuds de vent et les vagues qui vont avec. Des conditions idéales pour remonter une bonne cinquantaines de mètres carrés. En fait c'est l'accroche sommitale («le point de drisse » pour les puristes) qui a lâché. J'essaie de tirer mais impossible de faire quoi que ce soit. Je suis à deux doigts de passer par dessus bord. La voile fait une sorte de poche sous l'eau. Elle semble passer sous de bateau. Je crains qu'elle ne se prenne sous la quille ou pis, dans l'hélice ou le safran. Après réflexion et diagnostique ; ce qui, en pleine nuit et par mauvais temps prends un peu plus de temps ; je réalise que la voile est encore reliée au bateau par son accroche au pied de l'enrouleur (« le point d'amure ») et par ses deux écoutes. Le courant semble la déporter sous le bateau, sur le bord opposé à sa chute. Je décide donc de la détacher de l'enrouleur et ensuite de la récupérer par les écoutes ce qui me permettra d'utiliser les winch pour m'aider. Il faut donc renter pour aller chercher des outils, ressortir, mettre les écoutes en bonnes positions pour quelles ne s'enmèle pas, les mettre sur les winchs. Puis regagner l'avant, dévisser l'attache sans la perdre, laisser filer le génois, refermer l'attache. Repartir à l'arrière, constater que la voile est bien passée sous le bateau, elle flotte maintenant entre deux eaux sur tribord arrière. Il suffira heureusement d'un seul winch pour remonter la voile. La voilà qui trône maintenant au milieu du cockpit. Ce n'est pas vraiment sa place en navigation, mais c'est mieux qu'au fond de l'eau.
Il est trois heures passées. Toujours 25 nœuds de vent, et la mer est toujours mauvaise. « Forte» dirait un bulletin météo. Je décide de poursuivre au moteur. Lequel démarre dans ces conditions au quart de tour. Ouf. Il faut affaler la grand voile et ensuite reprendre un cap. Au point, je me rends compte qu'en 8 heures nous n'avons pas avancé d'un mille vers le nord. Bravo, belle performance sachant que nous étions au alentour des 6 nœuds avant la perte du génois. Grace est malade, fatiguée et n'en peut plus d'être secouée comme un prunier.
Au moteur par contre, nous arrivons à faire route. Au alentour de 4 nœuds, mais c'est mieux que rien. Je décide donc d'aller à Alincante, que nous pourrons atteindre assez rapidement. Nous y serons à 11 heures. Soulagés, fatigués.
J'aurai donc le reste de la nuit et la matinée pour méditer sur mon erreur. La météo réelle fut plus intense que la prévision. 20 nœuds d'est et 2 mètre de creux prévus. La réalité fut 25 nœuds de nord nord-est bien établis et des creux suffisamment important pour que le bateau disparaissent entre deux murs d'eau. Donc plus près des trois à quatre mètres que des deux. Il faudra d'ailleurs que je coupe le pilote automatique et que je barre car non seulement les vagues sont hautes mais elles sont courtes et croisées. Evidemment la GoPro est déchargée. Donc pas d'images de ce coup de vent. Dommage, car il y eu quelques moments spectaculaires.
Mon choix « romantique » de mettre les voiles n'était pas rationnel. Le vent venait de la direction dans laquelle j'allais. Et sachant qu'au près il faut compter trois fois plus de temps pour atteindre sa destination, c'était un retard assuré. Mais je n'y pensais pas sur le moment. De plus, j'étais évidement à l’entrée sud du coup de vent. Or c’est par le nord qu'il se résorbait. Donc mon choix revenais à me condamner à rester dans le coup de vent. Et c'est effectivement ce qui arriva.
Moralité : lorsque l'on a un horaire à tenir, les décisions doivent être cohérent avec cette contrainte.
Donc quand on est face au vent, on reste au moteur.

Arrivée à Alicante, avec le génois dans le cockpit. L'intérieur du bateau est pas mal non plus.

Le génois étendu sur le quai.

Retour à Alincante. L'atmosphère est totalement différente.

Retour à Alincante. L'atmosphère est totalement différente.

Retour à Alincante. L'atmosphère est totalement différente.

Merci pour votre intérêt et à bientôt.

lundi 12 septembre 2016

En mer d'Alboran, again.


Ça y est, tout est prêt, nous pouvons quitter Rota, direction la Méditerranée via le détroit de Gibraltar. Un moment clé de notre périple.
Il est 16h lorsque nous larguons les amarres. Sortie de port sans difficulté, et passage sous voile sitôt passé la jetée. Voiles que nous gardons jusqu'après le Cap de Trafalgar. Il fait nuit lorsque nous l'atteignons, et le vent est contraire dans le détroit. Nous passons donc au moteur. La nuit est claire, il n'y a pas trop de cargos dans le rail. Même s'ils sont à bonne distance, moins il y en a mieux c'est. Derrière moi, un autre voilier va dans la même direction. Les mêmes causes produisant les même effets, lui aussi est au moteur. Le passage se fait sans encombre, même si les vitesses escomptées avec les courants sont en deçà de nos attentes. Il est vrai que nous avons une bonne heure de retard sur notre programme calculé sur la marée de Gibraltar, de façon à profiter des courants favorables. Le sens des courants change en fonction de la hauteur des marées. Quand la marée monte, l'Océan Atlantique remplit la Méditerranée. Donc les courant vont de l'Ouest vers l'Est. Quand la marée descend, c'est le contraire. Il faut donc connaître les heures de marée à Gibraltar pour passer sans « aller à contre courant ».

Il est 16h lorsque nous larguons les amarres.
 
Sortie de port sans difficulté, et passage sous voile sitôt passé la jetée.

Il fait nuit lorsque nous atteignons le Cap de Trafalgar.

Le jour se lève lorsque nous approchons de la baie d'Algésiras. Le célèbre rocher se découpe sur l'horizon rougeoyant. Et l'activité nautique augmente. Pêcheurs sportifs, voiliers, cargos entrant et sortant, ferries sont autant de préoccupation pour le navigateur. Et enfin, vers 10h du matin, nous doublons le phare de la pointe « Europe » et entrons officiellement en Méditerranée.
Journée sans histoire, la mer est plutôt calme, un peu de houle fait danser Liane mais rien de méchant. Repas, sieste ponctuent un journée de moteur, car il n'y a pas de vent. Nous attendons les dauphins, mais rien. Rien jusqu'au début de la nuit, où ils font leur apparition. Ils ne nous quitterons quasiment pas de la nuit. Au lever du soleil, disparition des dauphins. Il y en à bien trois qui passent vers 8h30, mais pour quelques minutes seulement et sans vraiment jouer avec Liane. Grace est très frustrée. Vers 10h, j'entends un bruit inhabituel dans l'eau. Dauphins ? Dauphins ! J'appelle Grace qui entre son sommeil et le bruit du moteur ne m'entend pas. Elle ratera donc une bonne demie-heure de jeu d'une bande d'une dizaine de dauphins gris. Je crois qu'elle m'en veut encore de ne pas l'avoir réveillée plus énergiquement.

Le jour se lève lorsque nous approchons de la baie d'Algésiras.

Dauphins ? Dauphins !

Dauphins ? Dauphins !

Dauphins ? Dauphins !
Dauphins ? Dauphins !

Début d'après-midi, nous atteignons Almérimar, grande marina intégrée à tout un ensemble touristique. Une ville façon Grande-Motte. Ambiance tourisme de masse, héliotropie, sea, sex and sun. Il faut attendre deux heures au ponton d'attente, pour cause de pause méridienne du bureau d’accueil de la marina. Les formalités d'arrivée sont faites et l'on nous assigne une place. Un marinéro se rends sur place pour nous guider et nous aider. Mais une fois Liane dans le bassin, le marinéro nous gare au quai opposé. Ça nous va aussi et l'on manœuvre pour se mettre entre deux voiliers. L'un est français mais n'est pas occupé. L'autre est anglais, il est occupé même si pour l'heure nous ne voyons personne. Petit tour à la douche puis en ville pour quelques courses et retour au bateau, histoire d'attendre l'heure du diner. Au retour, nous faisons connaissance avec Rosemary et Jamie, sympathique couple britannique qui voyage depuis quelques temps sur leur voilier. Suffisamment longtemps pour avoir eut un bébé en route. Évidemment, la conversation repart de plus belle a cette nouvelle et ces dames échanges impressions, souvenirs et bons plans. Le hasard fait bien les choses. Avoir rencontrer « en chair et en os » une jeune famille au long cours est du meilleur augure. Nous ne doutions pas de la faisabilité d'avoir un nouveau-né à bord. Et avions lu de nombreuses informations et témoignages à ce sujet. Mais rien ne vaut un échange direct. C'est donc avec un moral au plus haut que nous allons diner.

Début d'après-midi, nous atteignons Almérimar, grande marina intégrée à tout un ensemble touristique.

Début d'après-midi, nous atteignons Almérimar, grande marina intégrée à tout un ensemble touristique.


Merci pour votre intérêt et à bientôt.

lundi 5 septembre 2016

Rota, une belle escale.



Nous voilà donc à Rota, un peu par hasard. J'en connaissais le nom car c'est l'autre grande base navale de la marine espagnole après Carthagène. Pas vraiment envie d'y aller. Mais nous y sommes ; et plutôt contents vus les conditions de notre arrivée.
D'emblée l’accueil est aimable. Des passants aiderons Grace à ranger le pont et la grand voile pendant que je remplie les formalités d'arrivée. Au ponton, pas mal de bateau sont occupés, plutôt des retraités mais l’accueil est cordial. Bref, bonne ambiance.
Les installations portuaires se partagent entre le port de plaisance d'un côté et le port de pêche de l'autre. Et tout le monde se retrouve à l'entrée des installations, ou pas moins de cinq restaurants et bars se partagent une clientèle nombreuse. Ici pas de chichis. Des cartes basées sur les produits de la mer. Poissons grillées, fritures, en plats, en tapas, il y en a à profusion. Des classiques mais cuisinés avec des produits frais. Simple mais délicieux. La semaine, pas mal de pêcheurs y ont leurs habitudes. Le weekend, c'est en famille et entre amis que l'on vient s'y régaler. Grandes tablées, on parle fort, on rit, on boit. Le expatriés de la base navale y viennent aussi. Ainsi que les plaisanciers de passage. Bref, de bonnes adresses. J'oubliais les prix défiants toute concurrence.

Et tout le monde se retrouve à l'entrée des installations, ou pas moins de cinq restaurants et bars se partagent une clientèle nombreuse.

Rota vue du cockpit.

Rota, sa marina et sa vieille ville.
L'entrée du port donne sur la vieille ville. Maisons andalouses blanches, rues étroites, placettes entourent une maison forte et quelques églises. Au détour d'une rue, deux limettiers chargés de beaux citrons verts. C'est la première fois que j'en vois. J'avais déjà vu de nombreux citronniers, mais pour le limettier c'est une première.

Maisons andalouses blanches, rues étroites, placettes entourent une maison forte et quelques églises.

Maisons andalouses blanches, rues étroites, placettes entourent une maison forte et quelques églises.

Maisons andalouses blanches, rues étroites, placettes entourent une maison forte et quelques églises.

Ce n'est que le lendemain que nous profiterons des kilomètres de plages de sable qui font les délices des vacanciers, mais aussi d'habitants de la région.

Ce n'est que le lendemain que nous profiterons des kilomètres de plages de sable qui font les délices des vacanciers, mais aussi d'habitants de la région.

Ce n'est que le lendemain que nous profiterons des kilomètres de plages de sable qui font les délices des vacanciers, mais aussi d'habitants de la région.
Le lendemain de notre arrivée, nous traversons la ville entière, à la recherche de bouteilles de gaz de rechange. Nos dernières provisions datent de Cadix et nous utilisons la dernière bouteille. Il faut donc agir.
La vieille ville, puis la ville moderne pour enfin arrivé à la zone commerciale aux sorties de la ville ou se trouve la grande quincaillerie ou nous pourrons nous approvisionner.
Ce n'est que le lendemain que nous profiterons des kilomètres de plages de sable qui font les délices des vacanciers, mais aussi d'habitants de la région. Et en ce jour d'Août, les plages sont très fréquentées. Mais elles sont suffisamment grandes pour qu'il y ait encore des coins moins fréquentés, un peu à l'écart.
Au final, une petite ville vivante, sympathique et authentique que nous vous recommandons si l'occasion se présente à vous.

Merci pour votre intérêt et à bientôt.